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En juin 2019, Facebook a enfin mis fin au suspense en lançant officiellement son projet de crypto monnaie. La rumeur courait depuis plusieurs mois et finalement, la compagnie de Mark Zuckerberg a mis fin à toutes ses rumeurs en dévoilant Libra, son projet de Blockchain maison.
Bien sûr, Facebook a tout fait pour montrer qu'il n'est pas directement impliqué dans la Libra en détaillant un mode de gouvernance qui serait totalement indépendant de la société mère. Ainsi, la Libra sera gérée par la Libra Association. Il s'agit simplement d'une organisation à but non lucratif basée à Genève, avec 27 partenaires déjà en place. Les conditions d'adhésion à cette association étaient assez drastiques puisqu'il fallait injecter un minimum de 10 millions de dollars tout en répondant à un certain nombre de critères techniques très précis pour devenir un noeud de la future Blockchain Libra.
Devant l'immense potentiel de la Libra, les partenaires ont afflué et au final, on retrouve de très grands noms parmi les 27 membres fondateurs avec par exemple Mastercard, Visa, PayPal, Uber, Coinbase ou Ebay. Bref, tout le monde voulait participer à l'aventure de peur de rater "The Next Big Thing" dans le monde des crypto monnaies !
Alors que la Blockchain Libra semble répondre à un certain nombre de critères d'indépendance par rapport à Facebook, le coeur du problème est l'application de wallet Calibra, qui sera intégrée par défaut dans Facebook Messenger, Instagram ou WhatsApp. Bien que Facebook le nie, il est probable que Facebook puisse avoir accès à toutes vos transactions effectuées en Libra.
Mark Zuckerberg et son équipe se défendent en soulignant que Calibra peut être remplacé par des applications de wallet tierces pour effectuer des transactions en Libra. Néanmoins, il est probable que la plupart des utilisateurs auront recours à la solution Calibra proposée par défaut. Le problème n'est donc toujours pas résolu.
L'affaire Cambridge Analytica et d'autres scandales liés à la protection de la vie privée qui ont éclaboussé Facebook depuis de nombreux mois ont clairement miné la confiance des consommateurs dans Facebook. Un fort sentiment de méfiance s'est développé et ce n'est pas un hasard si la croissance du nombre d'utilisateurs de Facebook aux États-Unis stagne depuis plusieurs mois maintenant. Dans ces conditions, le lancement de Libra et son succès ne semblent plus être pleinement garantis.
D'autre part, Amazon, l'entreprise de Jeff Bezos, bénéficie d'une image de marque au plus haut. C'est très simple, tout le monde fait confiance à Amazon. Le fait que la plupart des utilisateurs acceptent de laisser Amazon stocker les informations de leurs cartes de crédits afin d'accélérer leurs futurs achats en est une preuve évidente.
En tant que géant du commerce en ligne, Amazon a tout intérêt à lancer sa propre crypto monnaie. Je dirais même que les cas d'utilisation semblent plus évidents dans le cas d'Amazon. La confiance en Amazon ferait donc le reste et conduirait probablement à une plus grande acceptation du grand public. Nous serions donc à l'opposé de la méfiance et des questions soulevées suite au lancement de Libra par Facebook.
Quoi qu'il en soit, il est évident qu'Amazon travaille sur cette question depuis de nombreux mois. La société de Jeff Bezos doit donc observer attentivement la situation de la Libra de Facebook et plus particulièrement son accueil par les régulateurs des grandes puissances économiques.
Le G7 Finances, qui réunit les ministres des finances des sept grandes puissances économiques mondiales, s'est réuni le 18 juillet 2019. A l'ordre du jour : la Libra de Facebook et la position de ces différents pays face au risque de voir se développer une monnaie alternative indépendante du joug des banques centrales de ces pays.
La Libra de Facebook a réussi l'exploit d'établir un consensus sans compromis entre les pays du G7. Pour eux, Facebook n'est pas digne de confiance. Le cas de Cambridge Analytica a de nouveau été mis en avant pour justifier ce manque total de confiance dans l'entreprise de Mark Zuckerberg.
Les membres du G7, conduits par les Etats-Unis, ont déclaré que "le projet Libra ne pourra démarrer que lorsque nous aurons obtenu des réponses claires" et que le réseau de Mark Zuckerberg devra respecter "les normes réglementaires les plus élevées, notamment dans la lutte contre le blanchiment de capitaux et la protection des consommateurs".
Face à cette réticence, le lancement du mainnet de la Blockchain Libra prévu début 2020 semble de plus en plus compromis. Si Facebook tente de s'obstiner sur ce chemin, il est probable que le régulateur américain prendra des décisions encore plus sévères à l'encontre de l'entreprise de Mark Zuckerberg.
Les difficultés rencontrées par Facebook devraient inciter Amazon à se positionner et à lancer sa propre crypto monnaie. En effet, la principale critique à l'égard de Facebook est le manque de confiance dans ses pratiques. Cependant, ce problème ne se pose pas avec Amazon, qui bénéficie d'une excellente image de marque. Aucun scandale n'a éclaté dans l'entreprise de Jeff Bezos jusqu'à présent.
De plus, Facebook est accusé de vouloir lancer unilatéralement sa chaîne Blockchain Libra sans une phase de test préliminaire approfondie à laquelle les grandes puissances mondiales auraient été associées. Profitant de cette erreur majeure de Facebook, Amazon doit se positionner en proposant la création d'une expérimentation de son propre système de crypto monnaie mettant dans la boucle les régulateurs des grandes puissances économiques mondiales.
En procédant de la sorte, Amazon rassurerait les régulateurs en montrant pattes blanches. Ce serait la meilleure chance pour qu'une telle initiative émerge et atteigne le stade d’une utilisation mondiale en production.
Libra est une belle initiative mais lancée par la mauvaise compagnie. Amazon est l'entreprise qui peut permettre à une telle initiative de se développer et de dépasser le stade du projet. Pour moi, c'est clair, Amazon doit lancer sa propre crypto monnaie et je pense qu'Amazon le fera dans les mois à venir.